• Verger

    Verger

    Nous sommes allongés dans un verger. Nous n’avons pas devant nous des surfaces, des écrans, des images. Notre peau en certains endroits touche la terre, les herbes, l’air. Du froid souffle sur les peaux, par endroits semble entrer dans les chairs. Au-delà des peaux, des grains de terre, tous différents, pas deux pareils ; des brins d’herbe qui lancent leurs racines le plus loin possible, tous différents, de dessin, de constitution ; des feuilles différentes, posées les unes près des autres, déplacées par le vent.

    Si nous touchons quelque choses, sur la peau ça change, et la chose change, elle se trouve déplacée, modifiée. La feuille se tort, craque, la terre sous elle est déplacée, un insecte fait quelques pas pour s’éloigner, l’air environnant semble en frémir, répercuter le mouvement.

    Des arbres poussent au-dessus de nous, s’extraient du sol, leurs branches retombent vers la terre qui les attire à elle.

    De ces branches semblent partir des stries qui parcourent des étendues et des temps dans des directions multiples. Certaines partent vers les courants du ciel, vers les oiseaux ; d’autres descendent la colline, retrouvent les routes, les villes ; l’une se dirige vers la maison où sont les amis ; toutes vers d’autres odeurs, d’autres températures.

    Nous qui sommes dans le verger, nous voulons suivre ces montées, ces coulées. Et que nos gestes, nos discours les fassent consister là où elles manquent.

    L’affiliation entre deux arbres de la même espèce qui cherchent la lumière l’un près de l’autre, l’un selon l’autre. La chaleur, à côté, la présence d’un partage, d’une transformation réciproque.

    Partout où cette affiliation peut persévérer, où elle est désirée, la rendre encore plus possible, jusqu’à devoir s’imposer pour exister puisqu’il y a d’autres forces, réticentes.

    Comme un caillou qu’on peut mettre dans sa poche et qui nous accompagne : nous voulons agir sur ce qui nous élargit, le transformer en retour, et l’emporter partout avec nous, pour qui en voudra, là où le monde est tiède et là où le monde est glacial.

     

     

     


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